J’ai pris ces objets que tu m’avais donnés.
Ce foulard de laine rayé qui traînait sur le bureau depuis quelques jours, et ce carnet de papier artisanal recouvert d’un cuir rougeâtre, orné de gravures, qu’un mince cordon entourait, un nœud sur le dessus en guise de fermoir. Tu me l’avais offert le jour de notre premier rendez-vous. J’avais écrit dedans, j’en ai arraché les pages. C’est un livre blanc où tout était encore à écrire, où le peu qui avait été griffonné à l’intérieur a été retiré à la peau qui le contenait.
J’ai rangé aussi dans la boîte cette tranche de bois que tu m’avais donnée parce qu’elle avait la forme d’un cœur. En son centre une petite fissure apparaissait, elle allait se fendre éventuellement en son nœud, avec le temps, m’avais-tu spécifié, à moins que je ne me dépêche de la vernir pour empêcher la fatalité de faire son œuvre. Mais je n’en avais rien fait encore, anticipant qu’elle puisse contenir en elle-même notre destin.
J’ai déposé aussi en la boîte une clé usb que tu m’avais remise, pleine de chansons, de toutes celles que tu me fredonnais de temps à autre avec le sourire en préparant le souper, parfois avec ta guitare au salon, en d’autres moments sous la douche entre les quelques baisers que je te volais, à toi mon magnifique chanteur nu, profitant de la pause entre un couplet et le refrain tandis que l’eau coulait sur mon dos.
Ces objets, je les ai tous déposés en une même boîte, celle de mes souvenirs de toi.
Et sans rien ajouter d’autre que ceux-ci, je te l’ai retournée par la poste.