Lui, il n’en sait rien.
Il fait ce qu’il a à faire.
Moi non plus je n’en sais rien encore; je prépare le souper. Je fais revenir patiemment dans la poêle quelques courgettes, des oignons, des morceaux de tomates fraîches que je saupoudre d’herbes de Provence. Lorsqu’ils sont bien dorés, je les mets de côté en les faisant tomber dans un petit bol avec ma cuillère de bois. Le parfum est doux et embaume la pièce.
Je m’approche du comptoir pour aller quérir la viande que j’y avais laissé.
Et c’est alors que je l’aperçois, par la porte restée ouverte.
Je m’arrête, étonnée par cet étrange spectacle que je n’avais jamais remarqué encore; sa silhouette se meut, floue, mise en lumière de l’autre côté de l’étroite paroi givrée de sa fenêtre de douche.
Je sens un léger sourire naître sur mon visage.
Je recule d’un pas, embarrassée par ma découverte, puis la curiosité me ramène; je distingue la couleur de sa peau et ses formes de manière assez nette: tête, épaules, bras, torse qui m’offrent une chorégraphie de mouvements qui me gardent captive pendant un moment.
Il ne sait pas que me voilà fascinée par l’écran qu’est devenue sa fenêtre.
Mais peu importe puisque, sur la surface blanche, il n’est pour moi que ta doublure.
Les souvenirs de toi ressurgissent et lui volent la vedette.