Je ne choisis pas mes thématiques d’écriture; ce sont elles qui me choisissent.
Avec du recul, après deux publications, un 3e manuscrit en jachère, un 4e en chantier et un 5e déjà en tête, je réfléchis aux thématiques qui se dessinent entre les lignes de mon œuvre. C’est sans étonnement que je les découvre, même si jusqu’ici je les avais couchées sur le papier sans en prendre vraiment conscience. Depuis un bon moment, j’ai réalisé que ma thématique de prédilection semble être celle des amours dysfonctionnelles. Mais je remarque aussi depuis peu qu’au-delà de cette thématique il en est une autre qui les englobe toutes; ce qui émerge de mes romans, c’est le drame du quotidien.
Le drame du quotidien est celui qui ne fait pas les manchettes, du fait de n’avoir rien de spectaculaire. Il est celui qu’on banalise parce qu’on n’a pas de temps à lui accorder. Il est celui qui nous embête et qu’on nie, qu’on refuse d’assumer, afin de se laisser croire à soi-même et aux autres qu’on est fort, qu’on n’est surtout pas vulnérable. C’est celui de la violence ordinaire, de la culpabilité, des rêves brisés, des mal-aimés. Il se joue dans l’intimité. On en parle peu; on craint d’être jugé. C’est le drame qui fait mal en secret, qui nous tue à petit feu, alors qu’à l’extérieur tout semble aller bien.